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SMLH 83 Comité de Draguignan Conférence sur le Lieutenant Paul-Jean Roquere, compagnon de la Libération
Jeudi 2 février 2023, le colonel Yvan Escrihuela et le capitaine Rémi Le Fourn ont exposé de main de maître la vie héroïque de ce français qui a toujours refusé de se plier à l’adversité.
Voici un résumé de cette intervention qui a impressionné l’auditoire par la qualité des informations et des recherches. Le thème est lié au cycle mémoriel concernant ce héros qui prendra fin en mars 2023.
Rappel historique :
Le 12 octobre 2021 nous quittait, Hubert Germain, le dernier des 1038 Compagnons de la Libération à l’âge de 101 ans. Le 11 novembre 2021, un hommage national lui est consacré, son corps après avoir été honoré face à la tombe du Soldat inconnu, descend une dernière fois l’avenue des Champs Elysées avant de rejoindre le Mont Valérien (Suresnes Haut de Seine). Il repose désormais dans la crypte du Mémorial de la France Combattante où se trouve 17 caveaux de « morts pour la France » (11 militaires dont 2 tirailleurs d’Afrique du Nord, 2 tirailleurs d’Afrique Noire, de 3 membres des FFI et de cinq résistants intérieurs (dont 1 du Vercors et 1 d’Indochine). Avec lui se clôture ce prestigieux Ordre créé par le général De Gaulle, le 16 novembre 1940.
1038 personnes, 5 communes, et 18 unités combattantes ont été nommées « Compagnons de la Libération » car « elles se sont signalées dans l’œuvre de la libération de la France et de son Empire ».
Parmi ces 1038 compagnons, 271 l’ont été à titre posthume, 60 n’étaient pas des français au moment de leur nomination, et seulement 6 sont des femmes.
La conférence : Lieutenant Paul-Jean Roquere
Paul-Jean Roquere voit le jour le 30 août 1916 à Draguignan, d’un père Préfet du Var à Draguignan du 07 juillet 1014 au 30 avril 1918. Le jeune Paul-Jean fait ses premiers pas dans les murs et jardins de la Préfecture. En mai 1918, la famille Roquere rejoint la Dordogne, ainsi la jeunesse du futur Compagnon sera ponctuée de multiples affectations là où commande le service de la République. Paul-Jean Roquere poursuit de belles études, élève brillant, il choisit le métier des armes et il intègre l’Ecole Militaire de St Maixent en 1937, il en sort avec le grade de sous-lieutenant. Le 22 décembre 1937, le jeune sous-lieutenant épouse Suzanne Defferez(1917- 2007) en l’église Saint-Philippe du Roule à Paris (8ème).. Alors que l’Europe sombre dans la guerre, le sous-lieutenant Roquere est affecté au 22ème Bataillon de chasseurs alpins de Nice au sein de l’Armée des Alpes comme chef de section. Lorsque la guerre éclate, le jeune officier âgé de 23 ans se porte volontaire pour rejoindre l’Armée de l’Air qui recrute de jeunes pilotes. Il est alors affecté à la Base Aérienne 109 à Tours. Il y obtient son brevet de pilote chef de bord en avril 1940.
Déployé à Caen, il doit se replier, en mai 1940, avec ses camarades sur la base-école d'Aulnat près de Clermont-Ferrand. Il demande alors à servir comme fantassin pour la défense des ponts de la Loire.
Sa demande acceptée, il prend une part active, en qualité d'officier d'Infanterie, aux combats de la Charité sur-Loire et de Decize, les 15 et 16 juin 1940.
Le 17, l'ordre de la retraite est donné ; le 19, il décide de rejoindre Londres et s'embarque le 21 juin, à Saint-Jean-de-Luz sur le Sobieski, en ayant emprunté un uniforme polonais car les français étaient surveillés et ne pouvaient quitter le territoire.
Engagé dans les Forces Françaises Libres comme lieutenant observateur, il est dirigé sur le camp d'entraînement de la Royal Air Force à Saint-Athan près de Cardiff. Au camp d'Odiham, il est affecté à l'escadrille, entièrement française, "Topic", il quitte la Grande-Bretagne en octobre 1940 par bateau et débarque à Lagos au Nigeria.
En janvier 1941, il est affecté au Groupe réservé de bombardement n°1 (GRB1) qui soutient le jeune colonel Leclerc dans les opérations de la prise de Koufra (Libye) le 1er mars 1941. Mais en raison d'ennuis mécaniques, le Blenheim de Paul-Jean Roquere et de son équipage ne peut participer à l'offensive et doit rentrer à Fort-Lamy (N’djaména-Tchad).
Détaché à Bangui de mars à août 1941, le lieutenant Roquere est alors affecté au Groupe de bombardement Lorraine en formation à Damas. Le 30 octobre 1941 le groupe quitte la Syrie pour l’Egypte en vue de préparer la deuxième campagne de Libye. Le 15 novembre le groupe effectue sa première mission de guerre à l’attaque d’un convoi sur la route Bardia-Tobrouk.
Entre le 20 novembre 1941 et le 15 janvier 1942, Paul-Jean Roquere effectue 50 missions de guerre en appui tactique de la 8e Armée britannique. Pour son comportement pendant la campagne de Libye, il est cité à l’ordre de l’Armée aérienne et par les Britanniques à l’ordre de la RAF.
Il prend part aux opérations d’El Alamein en octobre 1942 puis, le Groupe « Lorraine » étant rappelé en Angleterre, le lieutenant Roquere embarque, depuis Durban (Afrique du Sud), début 1943, sur le paquebot Empress of Canada transformé en transport de troupes et qui doit regagner l’Angleterre, sans escale et sans escorte.
Le 13 mars 1943, au large des côtes d’Afrique, le bateau est torpillé par un sous-marin italien (Léonardo Da Vinci). Parmi les rescapés tombés à l’eau qui tentent de trouver refuge sur des embarcations de fortune se trouvent Paul-Jean Roquere et son épouse, Suzanne, évadée par l’Espagne l’année précédente et qui l’a rejoint à Damas. Au bout de deux jours, le 15 mars 1943, à bout de force et n’ayant plus la force de nager, Paul-Jean Roquere, après avoir donné sa ceinture de sauvetage à un camarade, disparaît en pleine mer, sous les yeux de sa femme qui, elle, réchappe miraculeusement du naufrage. Sur les 1800 personnes se trouvant à bord, 392 trouveront la mort (principalement des prisonniers italiens). Paul-Jean Roquere disparu à l’âge de 26 ans ne connaitra donc pas les jours heureux de la Libération. Par décret du 16 octobre 1945, il est fait Compagnon de la Libération, il rejoint ainsi la cohorte des derniers chevaliers des temps modernes.
« Romain Gary qu’il côtoya comme aviateur des FAFL, le considérait comme le plus brillant d’entre ses camarades » (Alain Malraux, neveu d’André Malraux)
Draguignan peut être fière de pouvoir compter dans ses rangs un Compagnon de la Libération issu des Forces Aériennes Françaises Libres. Puissions-nous, prochainement trouver un lieu, au cœur de la cité du Dragon pour honorer le parcours exceptionnel du lieutenant Paul-Jean Roquere. Renonçant à la fatalité dans les heures sombres de 1940, il incarne cette jeunesse de France, Généreuse, Courageuse, et Lucide qui a su redonner sa dignité et sa grandeur à notre pays. Son sacrifice nous oblige, il est un exemple pour toutes les générations.
- Déclaré « Mort pour la France »
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Compagnon de la Libération – décret du 16 octobre 1945
- Croix de Guerre 39/45
- Médaille de la Résistance
« Nous vous reconnaissons comme notre Compagnon pour la Libération de la France dans l'honneur et par la Victoire ».
« PATRIAM SERVANDO VICTORIAM TULIT »
(En servant la Patrie il assure la Victoire)