SMLH 83 Comité de Fréjus Saint-Raphaël - "Mémoires de la déportation" : des témoignages inoubliables, des jeunes orateurs exemplaires

Le mardi 20 mai alors que de violentes pluies s’abattaient sur le département, le comité SMLH de Fréjus Saint-Raphaël peaufinait les derniers détails de son organisation avant de recevoir un public nombreux (220 personnes) pour assister à la conférence « Mémoires de la Déportation » organisée par Yvette Destot, Présidente du Comité SMLH de Fréjus Saint-Raphaël dans le cadre des commémorations du 80e anniversaire de la libération des camps de la mort.

Rien ne fut négligé : les répétitions avec les élèves les jours précédents, les mises à disposition par la mairie du transport des élèves par cars, l’installation technique par le régisseur et son équipe, la mise en place de la salle Félix Martin, le personnel chargé de la sécurité et de la gestion de l’accueil, enfin, le placement des élèves (190) par leurs professeurs et l’équipe du comité de Fréjus Saint-Raphaël.

Dès 14h00, chacun rejoignait sa place, la presse interviewait Néo Verriest et Isaac Alfandari, les intervenants  ainsi que quelques jeunes accompagnés de leurs professeurs. Pour écouter le reportage de Moisaïque FM : cliquer ici - Pour lire l'article de Var Matin, cliquer ici.

A 14h30, la Présidente Yvette Destot ouvrait la conférence en présentant le programme de l’après-midi, remerciant chaleureusement les intervenants, les personnalités, les jeunes et les enseignants des classes de secondes et troisièmes des collèges Alphonse Karr, Stanislas, de l’Estérel, du Lycée Saint-Exupery, sans oublier la mairie pour toute l’aide apportée pour le bon déroulement de cette manifestation.

Après une brève présentation du jeune Néo et du témoin centenaire, les jeunes de la classe de seconde Pascaline Pommies-Roux, enseignante en lettres, qui avaient étudié, synthétisé et répété les textes de Néo - sont montés sur scène successivement par groupe de trois pour en donner lecture. Un silence parfait, une lecture parfaite. Une collégienne avait même appris son texte par coeur, rendant ainsi son interprétation encore plus émouvante. En même temps, défilaient sur le fond d’écran les visages des déportés résistants.

La discussion s’est ensuite engagée entre Néo, intervenant particulièrement bienveillant et Isaac Alfandari, le témoin centenaire au regard lumineux et au sourire plein de douceur.

Etudiant en Histoire à Grenoble depuis la rentrée universitaire 2022, Néo vient tout récemment de terminer sa licence. Il était encore collégien à Toulon, en troisième, quand il s'est penché pour la première fois sur la mémoire de la Résistance et de la déportation. Il est alors parti à la rencontre des derniers témoins de cette page d'histoire pour recueillir leur témoignage, selon le même rituel : enregistrement et captation vidéo de leur entretien, puis retranscription. Il a ainsi fait, en six ans, le tour de France: le Sud-Est, puis la région parisienne, le Sud- Ouest et le Grand Est pour terminer. Il a recueilli approximativement 180 témoignages.

Isaac Alfandari, le grand témoin de cette journée, âgé de 101 ans nous a embarqué dans le récit de sa vie : « De la naissance d'Isaac à Smyrne en 1924 à son enfance au nord de Marseille, en passant par son arrivée en France en 1930... Le frère aîné, David, est arrêté par la Gestapo dans le train, enfermé à la prison Saint-Pierre, puis à Drancy. Isaac continue d'écrire à David, jusqu'à la réception d'un billet jeté du train, annonçant son départ vers l'Est « dans un camp de travail ». Ce convoi 55, à destination d'Auschwitz, l'emmène vers la mort. Isaac continue d'écrire des fausses lettres pour faire croire à ses parents que David se porte bien. Suit bientôt l'arrestation de l'oncle Moïse, dénoncé comme « gaulliste ».  Isaac redouble de vigilance. Alors que Isaac travaille au Pas-de-Lanciers, ses parents et sa sœur Rebecca sont arrêtés à leur tour. C'est un ami qui l'attend à la gare pour lui annoncer la nouvelle. De Drancy, son père est déporté par le convoi 77. Sa mère et Rebecca quittent les Baumettes le 1er août dans un convoi détourné et libéré par le maquis de Vanox le 4 août. A la Libération, Isaac, 20 ans, abandonne ses études médicales pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses sœurs. Le retour tant espéré du père et du frère n'arrivera jamais. » extrait des feuillets rédigés par Néo.

Isaac nous rappelait aussi la cruauté des lois antisémites : Les Juifs sont exclus de tout poste dans la fonction publique, dans la presse et dans le cinéma. Elles prévoient l’exclusion des Juifs des professions libérales, l’obligation faite aux Juifs de faire tamponner leur carte d’identité d’une mention « Juif » ou « Juive », éliminer les Juifs de France de toutes la fonction publique, des professions libérales, commerciales, industrielles et artisanales, … Il nous disait aussi son inlassable admiration pour son père, un homme travailleur, Juif pieux, dévoué pour ses enfants, un modèle pour toute une vie. 

En toute fin, Yvette Destot a invité le public à se lever à la projection du tableau présentant le nombre de déportés morts dans les camps, sur « Nuit et Brouillard », chanson de Jean Ferrat, écrite en mémoire des victimes des camps de concentration nazis de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier en mémoire de son père, Juif émigré de Russie mort à Auschwitz. Le public ému après ces récits bouleversants, écoutait avec un profond respect et beaucoup d'émotion ce texte et cette musique parfaitement choisis.

Un message de paix venait conclure cette demi-journée exceptionnelle.

Un immense bravo à la Présidente du Comité SMLH de Fréjus Saint-Raphaël et son équipe pour la parfaite conception et la justesse de la mise en scène de ces témoignages bouleversants et inoubliables !

Nos très sincères remerciements à Néo qui, au-delà de son travail incroyable réalisé avec tellement de délicatesse et d'humanité, nous a permis de mettre en lumière les vies de ces déportés rencontrés depuis l'âge de ses 14 ans. Néo est par ailleurs un magnifique exemple d'engagement pour tous les jeunes qu'il peut rencontrer lors de ses conférences. 

Claire Magne

Vice-Présidente SMLH Var